Le Populaire du Centre – 06/11/2018
Installée depuis sept mois à Limoges, la société Oridev travaille sur de grands projets mondiaux. Créée début 2018, la société Oridev travaille sur les plus grands projets de tunnel au monde et rêve de poursuivre son développement. Tout ça depuis Limoges.
Le métro de Bombay et ses douze millions d’habitants. Celui d’Ahmenabad, pour désengorger la circulation de la sixième ville d’Inde. Le projet Doan Valley, aux USA, censé améliorer la distribution d’eau dans l’Ohio, grâce à un tunnel de 3 km de long.
Des chantiers colossaux, genre travaux d’Hercule souterrains, qui demandent également une précision de dentellière. Qui sait qu’à Limoges, une entreprise implantée depuis sept mois dans les sous-sols de la coupole d’Ester, intervient sur ces projets ? Pas grand monde. C’est pourtant le cas d’Oridev. « Depuis Limoges, on rayonne dans le monde entier », se satisfait David Perruchon, son créateur.
Des visseries géantes
Directeur de projet pour une entreprise basée à Tours et spécialisée dans la préfabrication de béton pour des voussoirs de tunnel, le jeune entrepreneur a suivi sa compagne dans l’ex-capitale limousine.
Il pense alors à changer de voie, mais un groupe britannique, Cooper et Turner, le rattrape. Cette société emploie « 250 personnes à travers le monde et génère 150 M€ de chiffre d’affaires », numéro un en Europe de la fixation industrielle. En clair, l’entreprise anglaise conçoit des visseries de grande taille (jusqu’à 100 millimètres de diamètre) pour la construction, la pétrochimie et les énergies renouvelables. Elle souhaite également se développer dans le secteur de la construction de tunnel. « Ils ont voulu que je prenne la tête de cette division, reprend David Perruchon. Mes contacts à l’international les intéressaient. Moi, je leur ai dit OK, mais c’est Limoges ou rien. »
« Se diversifier »
Cooper et Turner demande alors au jeune Français de créer sa propre société. « Ils me sous-traitent toute leur activité », explique-t-il. Aujourd’hui, trois personnes travaillent pour Oridev à Limoges. Une quatrième suivra en janvier, « un ingénieur en mécanique ». « Mais j’espère que rapidement, la boîte sera trop petite, avance David Perruchon. Le prochain recrutement pourrait être un commercial spécialisé sur l’international. »
Oridev possède également d’autres axes de développement. « On travaille également avec d’autres donneurs d’ordre, explique son créateur. Mais l’idée, c’est également de se diversifier, apporter notre savoir-faire aux entreprises locales, notamment dans la métallurgie. »
Le savoir-faire local dans la céramique constitue une piste de réflexion et de R & D. « On s’est rapproché du Pôle Européen de la céramique, explique l’entrepreneur. Il y a des sujets sur lesquels on peut travailler ensemble. »
Derrière cette volonté de partage, David Perruchon avance « une passion » dévorante pour le partage de savoir et l’ingénierie. « Je pourrais en parler des heures », jure-t-il. Le tunnel sous la Manche n’est pas pour rien dans cette vocation. « C’était un projet dingue, quand on y pense, glisse-t-il. Mais aujourd’hui, on a vraiment un savoir-faire français qui est né à ce moment-là . On pourrait faire des tunnels 100 % made in France. »
Un effet du Brexit
À l’heure du Brexit, le choix d’une entreprise anglaise de recourir à la sous-traitance française constitue également « une évidence », qui pourrait nourrir l’emploi hexagonal. « Mais sur le sujet, la seule évidence, c’est que tout le monde est prudent, prévient David Perruchon. Il ne faut pas croire que les échanges économiques vont s’arrêter du jour au lendemain. » Cela n’empêche pas l’internationalisation d’offrir de nouvelles perspectives au Limousin : « Dans le commerce international, qu’on soit à Shangaï ou à Limoges, c’est pareil : il faut toujours se déplacer », conclut l’entrepreneur. Et emprunter quelques tunnels.Â
Sébastien Dubois